Des groupes de santé, du travail et de l’environnement demandent aux épiciers du Canada d’abandonner les reçus toxiques
Les organisations demandent l’élimination progressive du BPA et du BPS sur les reçus de caisse d’ici 2020 pour protéger les caissières et caissiers et la clientèle.
Les TUAC Canada, Action cancer du sein du Québec, Environmental Defence Canada et Mind the Store s’associent aujourd’hui afin de lancer une campagne publique exhortant les principaux géants de l’alimentation au détail au Canada, soit Costco Canada, Loblaws, Metro, Sobeys et Walmart Canada à cesser d’utiliser du papier pour reçus enduit de bisphénol-A (BPA) ou de bisphénol-S (BPS).
« À chaque transaction à la caisse, les caissières et caissiers et les client(e)s partout au Canada sont exposés sans le savoir à une dose de BPA ou de BPS qui sont des perturbateurs hormonaux », explique Muhannad Malas, gestionnaire du programme des produits toxiques chez Environmental Defence. « Les gouvernements fédéraux successifs ont laissé tomber les Canadien(ne)s lorsqu'il s'agit de les protéger contre les produits chimiques toxiques, de sorte que les principaux épiciers du Canada doivent maintenant prendre le relais pour protéger les travailleuses et travailleurs et la clientèle.
Le Canada a interdit le BPA dans les biberons en 2010 après qu'une évaluation eut déterminé qu'il était toxique en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE). Mais le gouvernement a choisi de ne pas tenir compte de l'exposition des travailleuses et travailleurs à cette substance toxique ou à ses substituts potentiels. Cela signifie que le BPA a continué d'être utilisé dans les reçus et d'autres papiers thermiques et, lorsqu'il a été retiré volontairement, il a été remplacé par une substance étroitement liée au bisphénol comme le BPS, qui a des effets comparables au BPA.
« Les travailleuses et travailleurs réclament que les principaux détaillants en alimentation du Canada fassent preuve de leadership sur cette question. Protéger la santé et la sécurité de milliers de caissières et cassiers et d'autres salarié(e)s du commerce de détail ne peut pas attendre que le gouvernement agisse », affirme Derek Johnstone, adjoint spécial du président national des TUAC Canada. « Les plus grandes entreprises de vente au détail de produits alimentaires du Canada ont maintenant la capacité de protéger les travailleuses et travailleurs et les consommatrices et consommateurs contre ces dangers, et elles ont l'obligation de faire passer la santé et la sécurité en premier, surtout si elles prétendent être des entreprises socialement responsables », précise le confrère Johnstone.
Plus tôt cette année, une étude publiée par Environmental Defence a démontré que les caissières et cassiers sont exposés au BPA ou au BPS à des niveaux potentiellement dangereux pendant un quart de travail régulier. L'étude a mis en lumière la vulnérabilité des salarié(e)s du commerce de détail au Canada, qui sont surtout des femmes et des adolescentes et qui sont physiologiquement plus vulnérables aux effets des bisphénols sur la reproduction et les hormones.
« Le lien entre l'exposition au BPA, particulièrement à de faibles doses, et le développement et la prolifération des cellules du cancer du sein est l'un des problèmes les plus étudiés dans les effets sur la santé des expositions à des produits chimiques toxiques », affirme Jennifer Beeman, directrice générale d’Action cancer du sein du Québec. « L'Endocrine Society s'est particulièrement fait entendre au sujet de ses graves préoccupations et considère le BPA comme un risque pour la santé publique. Il est temps pour les entreprises d'agir en vue de protéger la santé de leurs employé(e)s en évitant cette exposition toxique, surtout lorsque la majorité du personnel de caisse sont des femmes », poursuit la directrice générale.
D'autres pays et territoires ont pris des mesures pour protéger les travailleuses et travailleurs contre les bisphénols. L'Europe a interdit le BPA dans les reçus et la Suisse a récemment étendu cette interdiction au BPS. Alors que le gouvernement canadien continue de traîner les pieds, les principaux détaillants doivent utiliser leur pouvoir de marché pour s'éloigner des reçus enduits de bisphénol et adopter des solutions de rechange plus sûres et facilement accessibles.
« Il n'y a aucune raison pour que le magasinage à l'épicerie puisse exposer les familles à un risque de toxicité », de dire Mike Schade, directeur de la campagne Mind the Store. « Tout comme les détaillants ont éliminé le BPA des biberons, ils devraient prendre des mesures pour retirer les bisphénols des reçus. Les détaillants ont le pouvoir et la responsabilité morale de se conformer à la rectitude sociale », explique Mike Schade.
Vous pouvez vous aussi intervenir dans le dossier et participer à la pétition exhortant les principaux géants de l’alimentation au détail au Canada à protéger les travailleuses et travailleurs en abandonnant les reçus toxiques. Faites-vous entendre en signant la pétition dès aujourd’hui!